vendredi 1 janvier 2016

LE FN, LE CAPITAL ET L'EURO (suite)

Et voici quels seront les termes de la transaction : le capital apportera ce qu'il sait apporter de mieux : de l'argent - de l'argent pré-électoral, post-électoral, de l'argent. Et puis aussi de l'assistance technique en prêtant ses cadres les mieux disposés. Mais la contrepartie sera que le FN ne touche pas à l'euro. C'est que l'euro dans sa construction d'ensemble est la plus puissante machine à discipliner le salariat que le capitalisme contemporain ait inventée, et cela, en effet, le capital ne permettra pas qu'on y touche.
Nul doute qu'il obtiendra complète satisfaction, et si l'on ajoute à ce que le "modèle économique" du FN consiste en réalité en une sorte de néo-corporatisme reaganisé essentiellement adressé aux patrons de PME, on mesurera l'imbécillité aussi bien intellectuelle que politique, de créditer le FN d'une posture "anti-système", c'est-à-dire de lui accorder sa principale revendication !, lui qui, parti de l'ordre, ne peut-être que le parti du système, c'est-à-dire, autant que le bloc d'en face, le parti du capitalisme, dont il propose simplement d'en revenir à une forme rétrograde - et il se confirme que les promesses de changement social faites par le FN aux classes populaires tourneront à la plus cruelle des désillusions.

Extrait du très bon livre de Frédéric LORDON (ON ACHÈVE BIEN LES GRECS CHRONIQUE DE L'EURO 2015) édité par la maison d'édition (LES LIENS QUI LIBÈRENT)  
  

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