LE "FROMAGE", NON JE M'EXCUSE, LE CHÔMAGE SOURCE DE PROFIT
"Le 12 octobre 2010, l'Unedic, qui récolte les cotisations chômage des salariés et distribue les allocations pour les chômeurs au régime général, les intermittents, les intérimaires, les saisonniers, etc., publiait ce communiqué:L'Unedic se félicite de la confirmation de ses notes à long et court terme par les trois agences Fitch (AAA-F1+), Moody's (AAA-P-1) et Standard & Poors (AAA - A-1+). La révision de ces notes a débuté après le conseil d'administration du 29 juin 2010 pour s'achever le 8 octobre dernier. L'excellence de cette notation permettra à l'Unedic de mener à bien son programme de financement garantissant ainsi la continuité du service des allocations chômage. Le 10 septembre 2010, la dernière prévision d'équilibre technique de l'assurance chômage faisait en effet apparaitre une prévision de dette globale de l'Unedic proche de -13 milliards d'euros à fin décembre 2011.
Comment une activité et des opérations qui se déroulent dans des salles de cotation, dans les bureaux feutrés de banques et d'investisseurs institutionnels, peuvent toucher des chômeurs et des précaires -saisonniers, intermittents, intérimaires ?
Plutôt que d'augmenter les cotisations patronales, l'Unedic - comme toute entreprise qui se respecte - a emprunté de l'argent en émettant des obligations sur les marchés financiers. En décembre 2009, elle a emprunté 4 milliards d'euros, puis en février 2010, 2 milliards de plus. Les institutions financières se sont précipitées pour acheter ces titres, et, en moins d'une heure, tout avait été vendu. Un tel engouement de la part des investisseurs est facilement explicable. Les agences de notations internationales (les mêmes qui ont donné de mauvaises notes à l'Irlande, à la Grèce, au Portugal et à l'Espagne en faisant grimper les intérêts à payer et en imposant des politiques de rigueur budgétaire; les mêmes qui ont toujours très bien noté les "titres pourris", cause première de la crise des subprimes ; les mêmes qui ont donné des avis favorables aux entreprises condamnées pour malversation comme Enron ; les mêmes qui n'ont rien vu venir de la dernière crise financière ont donné, comme l'affirme le communiqué, de "bonnes notes" et donc des "garanties" pour les investisseurs.
Donc pour "sauver le système" d'indemnisation de la "faillite" ( le chantage et toujours le même), il faut introduire dans une institution PRIVEE, mais "d'intérêts public" comme l'Unedic, la logique financière, avec les conséquences suivantes:
1) Le taux d'intérêt appliqué à ces 6 milliards d'emprunt est d'environ de 3%, ce qui signifie que les cotisations chômage deviennent une nouvelle source de profit pour les institutions financières, les fonds de pension et les banques. Si Moody's baisse la note, comme elle l'a fait récemment pour l'Irlande, la Grèce ou le Portugal, le taux auquel l'Unedic emprunte l'argent augmente, et donc la finance opère une ponction encore plus importante sur les cotisations des chômeurs qui se traduit par une moindre disponibilité de revenu à distribuer en allocation.
2) Les notes des trois agences vont planer sur les négociations pour la convention assurance chômage qui décide de la durée et des montants des allocations et se déroule tous les trois ans. Pour conserver de bonnes notes, syndicats et patronat vont agir en fonction des exigences des agences de notation plutôt qu'en fonction de celles des chômeurs puisque les intérêts à payer varient en fonction des notes.
3) Les agences de notation font leur entrée dans la gestion de l'assurance chômage par leur "pouvoir d'évaluation". Le paritarisme de la gestion de l'assurance chômage assuré par les syndicats de salariés et les syndicats de patrons s'ouvre aux investisseurs privés qui auront, à partir de maintenant, leur mot à dire. L'"évaluation" des agences devient un élément de l'évaluation générale de "l'état de santé", de l'"efficacité" et de la "rentabilité", de l'assurance chômage.
Extraits du très bon livre de Maurizio LAZZARATO (LA FABRIQUE DE L'HOMME ENDETTE
Essai sur la condition néolibérale)
Éditions Amsterdam
Madrid August 04 2015
L'augmentation attendue de la dette de l'Unedic (notée Aa1 perspective négative, P-1), entité gérant l'Assurance chômage en France, aura un impact limité sur sa qualité de crédit. Dans un rapport publié aujourd'hui, Moody's Public Sector Europe souligne que la qualité de crédit de l'Unedic continuera de bénéficier du soutien de l'Etat (noté Aa1, perspective négative). Par ailleurs, des mesures qui amélioreront la santé financière du système d'assurance chômage sont attendues pour 2016.
Le rapport de Moody's Public Sector Europe intitulé " UNEDIC debt growth to have limited credit impact" est disponible sur www.moody's.com. Les abonnés au site de Moody's peuvent accéder à ce rapport via le lien fourni à la fin de ce communiqué de presse.
Comte tenu de l'importance du système de l'assurance chômage en France, qui comprend plus de 16 millions d'affiliés, l'UNEDIC entretien des liens étroits avec l'Etat qui assure la surveillance du régime. "Les discussions concernant les conventions pluriannuelles régissant le taux des contributions mais aussi le niveau et la durée des allocations chômages se déroulent entre les partenaires sociaux, mais l'Etat doit approuver ces conventions pour que celle-ci entrent en vigueur" souligne Sébastien Hay, vice-président senior credit officer à Moody's. "Ainsi, toute décision impactant l'équilibre financier du système doit être approuvée par le gouvernement qui reste, par conséquent, étroitement impliqué dans sa gestion". Par ailleurs, depuis 2011, l'Etat garantit explicitement la dette obligataire à long terme de l'UNEDIC (soit un total de 18,5 milliards d'euros à fin 2014 sur une dette nette totale de 21,4 milliards d'euros).
Dans son rapport, Moody's souligne que la trajectoire financière de l'UNEDIC pourrait s'améliorer plus rapidement que celle envisagée dans les dernières prévisions de l'organisme publié en juin 2015. Cette amélioration refléterait les mesures prises par les partenaires sociaux à l'occasion de la prochaine convention au cours du premier trimestre 2016. Dans ce contexte, Moody's anticipe un pic de la dette de l4unedic aux alentours de 35 milliards d'euros à l'horizon 2020 puis une décrue progressive de la dette du système d'Assurance chômage.
Enfin Moody's considère la position de liquidité de l'UNEDIC comme solide et prévisible, entrainant une gestion cohérente et adaptée de ses besoins de financement et de trésorerie. Moody's estime également que l'UNEDIC continuera de bénéficier d'un large accès aux marchés de capitaux.
Pourquoi les syndicats de salariés n'abordent jamais publiquement ce problème, qu'est l'immersion de la finance dans le système de l'assurance chômage ?
Je vais écouter de la musique cela me changera les idées.
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