vendredi 18 décembre 2015

TRANSFORMER L'INDIVIDU EN GUERRIER ÉCONOMIQUE. 

La société de la concurrence a-t-elle changé la nature humaine? Au départ, les pères fondateurs du libéralisme portaient un idéal de liberté pour l'homme! N'est-ce pas finalement un être ontologiquement différent que les (ayatollahs) du marché ont fabriqué? Peut-on considérer qu'un homme est libre quand sa vie dépend entièrement de calculs relationnels, quand seuls ses intérêts motivent ses actes, quand on confond individualisme et égoïsme? Le projet libéral n'a-il pas dérapé au point de faire de l'homme un entrepreneur belliqueux et non pas un être affranchi des contraintes matérielles? (L'hommo oeconomicus) est-il un être social ou un guerrier économique.

Nous avons vu plus avant que le néolibéralisme définit l'homme comme un entrepreneur de sa propre vie. Il en fait une entreprise à lui tout seul. Chaque homme possède un capital qu'il doit faire fructifier tout au long de sa vie afin de se mettre à l'abri du besoin. C'est pourquoi le néolibéralisme ne considère pas le marché comme le lieu de l'échange mais comme celui ou l'individu décide d'allouer tel ou tel moyen à tel ou tel objectif. Les néolibéraux font donc de l'économie la science qui étudie les choix et les comportements des individus dans tous les domaines de leur existence: le travail, la vie familiale, sociale, amicale, sportive, culturelle... "L'économie, c'est la science du comportement humain, la science du comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens rares qui ont des usages mutuellement exclusifs." Autrement dit, l'économie, dans sa version néolibérale prétend tout expliquer de la vie humaine. 
Dans la littérature néolibérale, l'économie affirme être La science de l'homme.

Pour les néo libéraux, seul compte le travail. C'est l'unique moyen d'obtenir un revenu, lequel permet à l'individu de faire des choix pour mener sa vie. Évidemment, ils n'adhèrent pas à la conception marxiste de l'exploitation du travailleur par le capitaliste. C'est parce qu'il est libre
et entrepreneur de lui-même que l'individu échange son travail contre un revenu. Ce qui compte, ce n'est donc pas sa force de travail mais son capital humain. C'est à partir de ce capital qu'il obtient un revenu plus ou moins élevé.

Le capital humain est une théorie économique. Dans les années 1950 et 1960, l'économiste Jacob Mincer a mené une "réflexion sur cette théorie".

Le capital humain désigne les capacités physique, intellectuelle et mentale ainsi que le savoir-faire que chaque individu est doté. Il doit donc être constamment entretenu afin d'améliorer son employabilité.
L'homme est donc une entreprise. Il vit dans un monde concurrentiel et se trouve constamment en compétition avec les autres "hommes entreprises". Ce qui signifie qu'il ne doit pas seulement être bon mais meilleur que les autres. Autrement dit, sa valeur se mesure non pas en fonction de ses capacités mais en fonction de celles de ses concurrents. Autant dire qu'une telle conception de l'individu ne le prépare pas à l'échange équitable mais à la concurrence éternelle, à la compétition jusqu'à la mort. On est loin de la vision d'un marché ou les acteurs sont des partenaires commerciaux, ou la relation entre les individus est toujours sur le mode gagnant/gagnant. On est plus proche de la jungle ou l'homme passe sa vie à prendre des risques et ou il lutte jusqu'à la fin.

(Les extraits de ce livre ne font que conforter la vision que j'ai du fonctionnement économique de ce monde, TOUS AUTO ENTREPRENEURS).

Prochain épisode: "L'HOMME RISQUE".


Extraits de l'excellent livre "AUX SOURCES DE LA GUERRE ÉCONOMIQUE" 
de Ali Laidi, docteur en science politique, chercheur à l'IRIS.
     

      






           

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