TRANSFORMER L'INDIVIDU EN GUERRIER ECONOMIQUE, SUITE.
L'HOMME-RISQUE.
Il ne suffit pas d'entretenir son capital humain, encore faut-il prendre des risques pour rentabiliser l'investissement sur soi-même. L'heure est donc à la prise de risques. C'est la nouvelle dialectique des relations humaines. Exit les rapports maître/esclave ou patron/ouvrier.Place au rapport "risquophobe"/"risquophile". Si on en croit le discours néolibéral porté par François Ewald et Denis Kessler, il y a désormais celui qui prend des risques et celui qui n'en prend pas. Gloire au premier, à l'entrepreneur conquérant et qui bouscule et forge de sa volonté les lendemains incertains. Honte au second, au salarié qui n'est qu'un frileux arc-bouté sur ses droits acquis et donc forcément le perdant de la nouvelle compétition, une sorte de sous-travailleur, voire de sous-homme qui se complait dans la subordination à ceux qui prennent des risques. "Le risque est du même coup principe de hiérarchie: celui qui prend le risque d'affronter la mort devient le maître de celui qui n'en a pas le courage." Déjà au XVIIIe siècle, l'Anglais Richard Cantillon séparait les homme à gages certains et les hommes à gages incertains, les seconds étant évidemment assimilés aux courageux entrepreneurs.
Cette approche néolibérale fleure bon le naturalisme. Tout comme les forces de la nature, les forces du marché sont imprévisibles. Qui peut prévoir un tremblement de terre, un tsunami, une tempête, l'émergence de virus, un accident nucléaire? Personne. Qui peut deviner des attaques terroristes? Pas grand monde. Qui peut pressentir les crises économiques et financières? Pas grand monde non plus. Alors, devant l'incertitude, il est urgent d'agir. Chacun est sommé de s'adapter à la société du risque.
Le risque n'est pas une menace. C'est une opportunité. Il faut l'accepter et lui tendre les bras. Il est l'alpha et l'oméga de l'action humaine. Il structure la société et se répartit selon la place des individus. Pour le sociologue Ulrich Beck, la richesse mais aussi le risque détruit le collectif et oblige au chacun pour soi. "C'est l'individu lui-même, qu'il soit homme ou femme, qui devient l'unité de reproduction de la sphère sociale. Ou, pour le dire autrement : les individus deviennent, à l'intérieur et à l'extérieur de la famille, les agents de leur propre subsistance médiée par le marché..."
Comme la guerre pour Carl von Clauzewitz, le marché est le domaine du hasard. Il est le lieu de l'incertitude. Seul celui qui prend des risques modèle le futur pour son plus grands intérêt.
Le risquophile a toutes les chances de gagner car le risque est la nouvelle valeur, la valeur suprême : "Le risque, c'est tout à la fois une morale, une épistémologie, une idéologie, en fait une manière de mesurer la valeur des valeurs."
Le néolibéralisme instille le risque partout. Il fait de tous les hommes des hommes à gages incertains, qu'ils soient patrons, salariés, professions libérales et même chômeurs ou carrément exclus. Dans une économie totalement dérégulée, tous doivent vivre pleinement le risque, l'accepter, en faire une force motrice et, dans le même temps, se débrouiller tout seul pour s'en prémunir en cas de catastrophe ou de crise. Car pour les risquophiles, le risque est à la fois principe de civilisation et connaissance de soi.
La suite " de l'homme risque" au prochain numéro.
Extrait du très bon livre de Ali Laidi docteur en science politique et chercheur à l'IRIS, "Aux sources de la guerre économique", édité chez Armand Colin
Les "pseudos pirates qui utilisent des lieux communs c'est très tendance en ce moment, d'ailleurs notre société adore les tendances." Qui travaillent dans le numérique en free lance, profession libérale ou en auto-entrepreneur, se font passer pour des risquophiles pirates, et qui parlent de la fin du salariat, mais qui demandent aussi la protection de l'état car ils considèrent que leur activité peut être inconstante et donc il faudrait les protéger comme un salarié. "MAIS UN PIRATE N'A PAS BESOIN DE PROTECTION" il est hors cadre.
Ces jeunes "pirates" vont se faire manger tout cru par le néolibéralisme.
Je retourne dans mon atelier et je me prépare à suivre le derby Carcassonne / Béziers en rugby championnat Pro D2.
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