jeudi 25 février 2016

L'HOMME RISQUE "suite et fin".

Les "risquophiles" du Medef concèdent toutefois que l'état doit veiller à ne pas laisser les répétitions sociales se perpétuer de génération en génération. Autrement dit, à faire en sorte qu'il n'y ait pas d'héritier, car selon eux, "une société juste est une société aléatoire, ou les jeux seraient redistribués à chaque génération". Alors pourquoi n'ont-ils pas mis en pratique leur brillante conception de la méritocratie? Si telle est vraiment leur vision d'une société juste
alors ne ferait-ils pas mieux d'en mesurer l'immense échec, au lieu d'en accentuer les défauts en promouvant le risque comme valeur suprême? Au lieu de voir en chaque individu un poids pour la société plutôt qu'une chance, de promouvoir l'individualisme plutôt que la solidarité collective et d'inviter chacun à "payer" pour ses risques? Non, ils préfèrent un État qui se contente de construire et de faire fonctionner les institutions du marché pour assurer la libre concurrence. L'Etat doit aussi cesser, selon Ewald et Kessler, de surprotéger les classes moyennes au détriment des plus défavorisés!

La cible est désignée et accusée du pire : les classes moyennes fabriquent les exclus! Les "risquophiles" y voient une lutte entre les classes inférieures! Et ils n'ont pas un mot sur la responsabilité des classes supérieures dans la déliquescence de l'Etat-providence. Mais le plus inquiétant est ailleurs. Les risquophile ne donnent jamais une définition du risque. Du coup, on ne sait pas de quoi ils parlent en définitive. Si le risque est la valeur suprême, alors celui qui risque sa vie est le plus digne. Or, le marché ne récompense pas le risque vital. Ni le soldat, ni le policier, ni le pompier, ni l'agent de sécurité ne reçoivent un revenu comparable aux patrons de multinationales ou aux traders, ou encore aux grands sportifs! il est donc erroné de dire que le marché récompense le risque. Il est plus exact de dire qu'il récompense surtout le risque financier! 

L'individu-risque est aussi un individu endetté, voire surendetté, comme la montré la crise des subprimes en 2008. Il se trouve à la merci des banques, des assurances et plus largement des marchés financiers. Un nouveau rapport de pouvoir s'installe entre débiteur et créancier. " La puissance créancière se mesure à cette capacité de transformer l'argent en dette et la dette en propriété et, ce faisant, à influer directement sur les rapports sociaux qui structurent nos sociétés." L'homme-risque n'est pas plus libre mais plus endetté. Il devient "responsable et coupable de son propre sort".

Finalement, l'idéologie du risque entraîne un sacré rétropédalage historique. Elle masque, derrière la promotion et la libéralisation de l'individu, "un discours de domination pour les dominants". 


En ce qui concerne tous ses "pseudos risqhophiles" qui prétendent être les pirates de la nouvelle économie, il faut qu'ils sachent que nous ne sommes pas dupe, et que le mot "COLLECTIF" a pour nous de l'importance.

Bon appétit, il est l'heure d'aller déjeuner.
 


  


  

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