dimanche 20 mars 2016

L'HOMME ENTREPRISE 3e épisode, suite de "l'homme risque".

Autre technique importante : l'analyse transactionnelle (AT). L'approche est identique à la PNL. Elle part de l'observation des comportements de l'individu mais propose une véritable théorie psychanalytique de la personnalité. La prétention de l'AT est de "vendre" Freud à tous les travailleurs ! En découpant le Moi en trois états, parent (lorsque l'individu émet un jugement), adulte (lorsqu'il traite avec objectivité une information) et enfant ( lorsqu'il fait parler ses émotions), l'analyse transactionnelle propose une introspection à l'individu qui peut ainsi atteindre l'autonomie et la connaissance de soi. Lesquelles sont également censées enrichir son capital humain. Freud n'en espérait pas tant, lui qui pensait au contraire que cette introspection du Moi débouchait sur une inconnue encore plus abyssale : l'inconscient. L'AT prétend faire aboutir l'individu à sa vérité, via, non pas l'inconscient dont l'importance aurait été surestimée par Freud, mais par la "préconscience" qui forme la majeure partie de l'inconscient. Autonomie et connaissance de soi visent à "fabriquer" un individu qui s'estime et qui, par conséquent possède d'harmonieuses relations avec ses collègues ou ses partenaires extérieurs.

La bonne harmonie entre salariés figure à la base de la théorie de l'Elément humain inventée par le psychologue américain Will Schutz. Auteur d'un livre au titre explicite, The Human Element: Self-Estreem, Productivity and the Bottom Line, Will Schutz présente ainsi sa théorie : l'estime de soi de l'individu est mise au service de la cohésion des équipes dans le but d'augmenter la productivité des salariés et, dans la foulée, le chiffre d'affaires de l'entreprise. Schutz considère, comme l'AT, que l'inconscient est surestimé. Chaque individu possède en lui la faculté d'accéder à son inconscient, c'est juste une question de choix personnel. Or, c'est en y accédant que l'individu fait le ménage dans sa conscience, sépare les bonnes des mauvaises pensées. C'est ainsi qu'il chasse toutes ses peurs : de ne pas être intégré et reconnu par le groupe, de ne pas maîtriser sa vie, de ne pas être aimé... Autant d'inquiétudes qui bloquent l'estime de soi, parasitent ses relations avec les autres et empêchent de travailler efficacement avec ses collègues.

PNL, AT, théorie de l'Elément humainet bien d'autres encore (l'Ennéagramme, le Mayers-Briggs Personnality Indicator... ambitionnent d'aider à construire sa personnalité. Toutefois, ces techniques ne sont pas là pour forger un homme heureux et épanoui. Elle font seulement le lien entre soi et l'organisation afin de rendre l'individu apte aux normes et aux exigences de productivité et de rentabilité de l'entreprise. Même s'il ne faut pas nier leur caractère humaniste, toutes ces techniques définissent l'homme comme un sujet producteur entièrement responsable de lui-même, libre de sa destinée. Elle lui fournissent les outils pour mieux se connaître et améliorer sa performance entrepreneuriale.

Comme nous venons de le voir, ces techniques du développement de soi se moquent de la vérité. Ce qui compte, c'est de donner à l'individu les codes et les comportements adéquats pour répondre aux attentes de performances exigées par son organisation. "Ces théories sont forgées moins pour être juste que pour être efficaces - en particulier dans un contexte d'entreprise." L'objectif est donc bien d'ordre utilitariste. Quant à l'élévation de l'homme, elle passe au second plan. Il y a bien une dimension morale dans le développement humain mais elle n'est qu'un moyen, pas une fin.Celle-ci reste la productivité et la rentabilité de l'homme au service de l'entreprise.

La suite au prochain épisode, ne soyez pas inquiet il y aura une fin à cet article.

Je retourne à l'atelier continuer ma série de dessins "La danse des maçons".      


     












     
 

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