L'HOMME ENTREPRISE suite de l'article "l'homme risque".
Michel Foucault montre dans ses nombreux écrits comment les institutions (école, famille, entreprise, prison, hôpital...) disciplinent les corps et obligent l'individu à accepter les contraintes imposées par elles. Cet âge de la discipline des corps est la deuxième forme de gouvernement. Elle suit celle qui s'étire du Moyen Age au début du XVIIIe siècle et qui visait le contrôle des territoires. Pour désigner la seconde période historique de rationalité gouvernementale (du XIIIe siècle au milieu du XXe) qui s'exprime par la pression sur le corps, Foucault parle d'anatomopolitique (1976), considérée comme l'intrusion de la politique dans l'anatomie. Le philosophe estime que les normes et les contraintes exigées par les institutions fabriquent un individu selon sa classe et sa profession: le bon étudiant, le bon ouvrier, le bon cadre, le bon policier, le bon professeur... Le but est d'obliger les à se soumettre librement, à s'imposer à eux-mêmes ces normes afin de régler leur comportement et de faciliter leur contrôle par les autorités. Un corps docile est un corps utile pour le système. La discipline des corps est l'assurance de la discipline des esprit. Le corps doit amplifier sa force productive tout en minorant sa force politique. Pour Foucault, l'Etat est l'institution disciplinaire par excellence.D'où les liens qu'il entretient à un moment de sa vie avec le libéralisme qu'il voit comme le libérateur des pressions étatiques et comme l'initiateur de la troisième période de rationalité gouvernementale, celle qui ouvre la voie au néolibéralisme. Foucault pense que le néolibéralisme ne propose pas de modèle anthropologique particulier de l'homme. Au contraire, il le contraint à la responsabilité, lui impose la liberté malgré lui et accepte que la société évolue sans cadre imposé.
Dans le même temps, le philosophe rejette l'idée que l'état est le seul lieu du politique. Il voit la politique partout, dans la culture, l'enseignement, l'économie, la famille... Et c'est là que Foucault se contredit. Si la politique est partout, même dans l'économie, alors le néolibéralisme n'est pas une idéologie vierge et sans intention. Elle propose et impose sa propre vision anthropologique de l'Homme. Cette représentation est celle d'un homme plongé dans une société où la concurrence gouverne tous les secteurs de la vie, celle d'un combattant jamais au repos.
De nombreux auteurs poursuivent la réflexion de Foucault. A partir de ses cadres théoriques, ils étudient l'impact du néolibéralisme sur l'âme humaine. Ils perçoivent la fabrication d'un homme nouveau à la psyché différente. De l'anatomopolitique, ils passent à la psychopolitique.
Certes, l'idéologie néolibérale n'oublie pas les corps. Ils demeurent une force productive importante et subissent toujours certaines contraintes, ne serait-ce que dans la tenue vestimentaire qui différencie les catégories professionnelles (ouvrier, agriculteur, employé, cadre, manager...). Toutefois, dans la capitalisme cognitif ou dominent les services au détriment de l'agriculture et de l'industrie, les corps importent moins que les esprits.
Ce qui compte désormais, c'est de discipliner les âmes pour les mettre au service de l'ordre marchand.
" Dorénavant, c'est sur cette dimension moins aisée à cerner ou à définir qu'on pourrait appeler l'âme, que s'exerce le pouvoir, afin d'en tirer des effets d'utilité, de docilité."
La suite au prochain article, il est temps de me préparer à assister à un match de rugby, c'est un sport qui détend les neu.rones
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